Le mardi 16 novembre 2021, CAP 44 organisait, en partenariat avec le CIVAM 44, un café-installation sur la place des femmes en agriculture, au Little Atlantique Brewery à Nantes.

A cette occasion, un peu plus de soixante-dix personnes s’étaient réunies pour écouter les témoignages des membres du groupe femmes du CIVAM 44 et ceux de de paysans et d’agricultrices, en présence de la co-autrice et dessinatrice de la bande-dessinée « Il est où le patron ? », Maud Benezit et les paysannes en polaire. Un article de Mathilde votre glacière paysanne préférée, publié dans le numéro 105 de La Voie Biolactée de Biolait (décembre 2021).

La bande dessinée nous plonge dans l’histoire de trois agricultrices qui se lient d’amitié. Il y a Jo, en cours d’installation et qui reprend une ferme caprine, Anouk, qui a quitté la ville il y a cinq ans pour vivre à la campagne et devenir apicultrice, et Coline, mariée et mère de deux enfants, originaire du village et qui a repris il y a dix ans l’élevage ovin de ses parents. Toutes trois racontent leurs vies de paysannes, leurs joies et leur passion pour ce métier, mais aussi leur colère de femmes contre les discriminations et le sexisme qu’elles continuent de subir au quotidien. En effet, on leur demande souvent : « il est où le patron ? ».

Cet événement aura permis de questionner, de communiquer et d’échanger avec des porteuses de projets, des paysannes et des citoyennes, autour de la question du genre et, plus particulièrement, de la difficulté à l’installation (ou du parcours à l’installation) du fait de leur genre. Cela a créé beaucoup d’échanges autour de la reconnaissance et de la légitimité en tant que professionnelles de l’agriculture.

Car la posture des femmes agricultrices mérite qu’on s’y intéresse d’un peu plus près ! Grâce à la BD de Maud présentée ce soir là, des sujets encore tabous ont pu être débattus ensemble et des réponses furent apportées aux agricultrices présentes. Les histoires de ces trois personnages tirés de faits réels, que nous suivons tout au long du livre, permettent de mettre des images et des mots sur un quotidien que nous vivons toutes et sur des situations auxquelles nous sommes toutes confrontées : ne pas oser prendre la parole aux réunions techniques, ne pas avoir envie de n’être que le « robot » de traite ou la comptable, ne plus entendre « il est où le patron » à longueur de temps, la charge mentale subie dans notre vie professionnelle et personnelle, notre envie de participer davantage aux décisions stratégiques de nos fermes, l’énergie dépensée à défendre son projet agricole… Autant de sujets abordés justement et en adéquation avec ce que le réseau CIVAM souhaite initier plus largement.

Cette soirée se voulait l’écho de la pièce de théâtre Femmes en fermes présentée à Vieillevigne le 5 octobre 2019 par le groupe femmes des CIVAM 44. Groupe avec lequel nous présentons la captation de cette représentation théâtrale dans différents départements du Grand-Ouest : en Mayenne le 30 novembre dernier, à la Maison de Quartier des Forges de la Roche-sur-Yon le 9 décembre et le lundi 13 décembre à la Maison des Chasseurs de Bouchemaine (Maine-et-Loire). A chaque fois, un temps d’échanges était prévu sur les questions de la place des femmes dans l’agriculture et les stéréotypes de genre dans le monde agricole. Nous y parlions de l’amour de notre métier mais également de l’importance des groupes en non-mixité choisie.

En effet, lorsqu’on s’intéresse aux questions de changement et d’évolution des rapports d’égalité femmes/hommes, la dimension collective est essentielle. C’est ce que nous montre également cette belle bande-dessinée : ces trois femmes acquièrent du pouvoir sur leur vie, de la reconnaissance au travers des liens qu’elles établissent entre elles, au sein d’organisations agricoles ou de réseaux. Ce petit groupe contribue ainsi à l’acquisition d’une conscience de genre et c’est ce que nous souhaitons montrer également avec le groupe femmes CIVAM 44 dont je fais partie.

Au groupe Femmes du CIVAM 44, nous nous sommes créées un espace à nous, un espace de compréhension mutuelle où la parole est libérée. Un lieu où se rencontrent des personnalités différentes, des productions différentes, des parcours différents, à la manière de Jo, Anouk ou Coline, sans étiquettes politiques ou syndicales, des femmes agricultrices, tout simplement !

Mathilde Roger-Louët
Adhérente Biolait Loire-Atlantique,
Référente Nord Loire Groupe femmes CIVAM 44